Réduction des risques Dans les urgences et les unités de soins intensifs partout au pays, la COVID-19 a transformé le mode de fonctionnement des hôpitaux. En raison d’un besoin croissant...
Réduction des risques
Dans les urgences et les unités de soins intensifs partout au pays, la COVID-19 a transformé le mode de fonctionnement des hôpitaux. En raison d’un besoin croissant d’assistance des patients en détresse respiratoire, l’attention s’est récemment portée sur la vidéolaryngoscopie (VL) pour intuber les patients placés sous ventilateur.
La VL est désormais une technique plus largement acceptée, étant donné que la visualisation améliorée augmente les chances de réussite des intubations à la première tentative, ce qui assure une procédure plus sécuritaire tant pour les médecins que les patients par rapport à la laryngoscopie directe classique (LD). De plus, la VL réduit le risque de propagation des virus hautement contagieux.
« La disponibilité d’un vidéolaryngoscope à chaque intubation réduit les risques d’erreurs et de problèmes imprévus, et améliore les retours, l’apprentissage et l’enseignement, explique Marco Zaccagnini, inhalothérapeute autorisé et assistant en anesthésie clinique certifié. Cette technique garantit un meilleur partage avec l’équipe médicale et offre un environnement plus sûr pour les opérateurs comme les patients », ajoute-t-il.
Intubation classique
L’intubation endotrachéale implique d’insérer un tube endotrachéal en plastique dans la bouche ou le nez, à travers le larynx (qui comprend les cordes vocales), et jusque dans la trachée. Le tube est guidé par un dispositif connu sous le nom de laryngoscope, avant d’être relié à un ventilateur.
Dans le cadre d’une intubation par laryngoscopie directe classique, le médecin peut voir l’extrémité du laryngoscope au moment où il pénètre dans la bouche, mais ne doit se « fier » qu’à ses sensations et à son expérience pour s’assurer d’éviter tout contact avec l’œsophage et garantir un bon positionnement. La laryngoscopie directe peut se révéler difficile avec certains patients. Une bonne visualisation du larynx est essentielle et peut être influencée par des facteurs tels que la structure et la mobilité de la nuque et de la mâchoire, ainsi que l’anatomie des voies aériennes supérieures.
Si l’intubation représente une procédure courante, d’autant plus en période de pandémie de COVID-19, elle n’est pas sans risque. Dans certains cas, l’opération peut engendrer des dommages au niveau des dents, de la bouche ou de la trachée, et le laryngoscope peut être inséré accidentellement dans l’œsophage. Parfois, la première tentative se révèle infructueuse et demande de nouveaux essais. Plus le nombre de tentatives est grand, plus le risque augmente pour le patient. Si le patient est touché par la COVID-19, les prestataires de soins de santé responsables de la laryngoscopie peuvent s’exposer à un risque accru de contracter le virus.
La laryngoscopie directe est une technique difficile à maîtriser, mais avec l’expérience, les anesthésistes et inhalothérapeutes gagnent en efficacité et réalisent souvent l’opération à la première tentative. Néanmoins, des études démontrent[i] que les étudiants en médecine et les jeunes résidents en anesthésie affichent des pourcentages de réussite moindres par rapport aux anesthésistes expérimentés.
Dernières données cliniques
La vidéolaryngoscopie, d’un autre côté, est plus facile à maîtriser étant donné la confirmation visuelle de la progression du tube respiratoire dans la trachée. Cette technique améliore les chances de réussite de l’intubation à la première tentative, et ce, même en présence d’un prestataire de soins de santé inexpérimenté ou d’un patient dont l’état de santé rend la procédure plus complexe. Avec la VL, une caméra à l’extrémité du laryngoscope offre une vue avancée des voies aériennes supérieures, y compris des cordes vocales, et diffuse des images vidéo en temps réel sur un écran fixé à la poignée du dispositif.
Le taux de réussite supérieur de la VL a été confirmé dans une étude de 2019 dirigée par le Dr Ruediger Noppens, professeur associé en anesthésiologie au sein de l’Université Western Ontario (London, Ontario). Plus de 2 000 patients ont participé à cet essai international dont l’objectif était de comparer le taux de réussite à la première tentative des intubations au moyen d’un dispositif de laryngoscopie directe standard et d’un vidéolaryngoscope McGrath MAC fabriqué par Medtronic.
L’étude a permis de démontrer que la VL affichait un taux de réussite à la première tentative de 94 %, contre 82 % pour la LD, avec un nombre réduit de blessures. D’après le Dr R. Noppens, cette étude était la première à présenter des données réelles en faveur de l’utilisation de la VL dans le cadre des intubations de routine. Les chercheurs en ont conclu que le seul avantage présenté par la LD était le prix, bien que les dépenses initiales supérieures liées à l’acquisition d’un dispositif vidéo peuvent être compensées par les économies réalisées en raison des gains de temps et de la réduction des complications médicales.
Ces conclusions se révèlent favorables pour les médecins urgentistes et le personnel des soins intensifs, qui exécutent généralement moins d’intubations de routine que les anesthésistes. La VL se veut également plus sûre pour les médecins face à des patients atteints de la COVID-19, étant donné qu’ils n’ont pas à se positionner aussi près du visage de ces derniers, en comparaison avec la LD. Cette méthode est également plus sûre pour les patients, avec un nombre réduit de blessures.
Alors que les hôpitaux se démènent pour traiter les patients fortement atteints par la COVID-19, les sociétés professionnelles[ii] de différents pays ont commencé à recommander le recours à la VL en vue de réduire le risque de propagation du virus. Ces recommandations se fondent sur les données cliniques qui attestent du taux supérieur de réussite à la première tentative de l’intervention et de la distance accrue entre le prestataire de soins de santé et le patient pendant la procédure.
Bien que les avantages de la VL se précisent toujours plus, la LD demeure la norme en matière de soins de santé au Canada, alors que la technique par vidéo est souvent réservée aux situations les plus difficiles. L’avenir de la VL fait actuellement débat au sein de la communauté des anesthésistes, qui se demandent non pas si la VL remplacera la LD, mais plutôt quand elle le fera.