Environ 20 % des Canadiens souffriront de sténose aortique (SA) lorsqu'ils atteindront l'âge de 65 ans. Pour les personnes souffrant de SA sévère et nécessitant un remplacement valvulaire, l'implantation transcathéter de valve aortique, ou TAVI, est une intervention peu invasive conçue pour accéder au cœur par une petite incision dans l'aine. Au lieu de l'approche ouverte traditionnelle du remplacement chirurgical de la valve aortique (RVA), qui exige que les patients se rétablissent à l'hôpital jusqu'à 7 jours, la plupart des patients qui subissent une intervention TAVI au Centre cardiaque du Nouveau-Brunswick (CCNB) peuvent obtenir leur permission de sortie dès le lendemain. Cependant, en raison notamment du coût initial plus élevé de l'intervention, il existe souvent des obstacles à l'accès à l’intervention TAVI au Canada, et de nombreux systèmes de santé ont été amenés à trouver des moyens de financer cette intervention pour un nombre croissant de patients qui peuvent en bénéficier.
« Fondamentalement, la raison la plus importante pour augmenter le nombre d’interventions TAVI au Canada est que ces patients se rétablissent bien. Ils ont de bons résultats éprouvés à court et à long terme », déclare le Dr Jean-François Légaré, chef du service de chirurgie cardiaque au CCNB.
En 2010, lorsque le CCNB a entrepris ses premières interventions TAVI, il est rapidement devenu évident que la demande pour cette intervention peu invasive dépasserait le budget alloué. À la date de 2016, le Dr Légaré et son équipe avaient mis en place un processus d'optimisation de leur programme de soins cardiaques, en se concentrant sur les besoins des patients et les avantages qui en découlent. Bien que l’intervention TAVI soit en soi plus coûteuse que le RVA, après avoir pris en compte la réduction de la durée du séjour et des besoins auxiliaires, ainsi que l'amélioration de l'expérience du patient, l'équipe du CCNB a découvert de nouveaux moyens de permettre l'exécution d'un plus grand nombre d’interventions TAVI dans le cadre des fonds alloués.
« Nous visons une sortie en un jour. Le patient ne passe pas par l'unité de soins intensifs; il passe directement à l'unité de soins généraux. Nous n'intubons pas les patients; nous ne posons pas de lignes centrales. Nous simplifions nos soins et réduisons au maximum le caractère invasif de nos interventions, ce qui nous permet de réaliser de nombreuses économies. »
En s'appuyant sur des données cliniques pour mettre en place un processus d'évaluation solide au cours des 5 dernières années, le Dr Légaré et son équipe ont également dû prendre en compte la gestion du changement au sein de l'établissement hospitalier. Ce processus a impliqué plusieurs groupes de soins aux patients, notamment l'anesthésie, la cardiologie, les radiologues interventionnels, les soins infirmiers et l'administration. « Une fois que nous avons été en mesure de démontrer la faisabilité et la sécurité, et que nous avons pu obtenir l'éducation appropriée, les groupes cliniques étaient alors à bord, et chaque membre de l'équipe était prêt à soutenir les changements. »
Le CCNB est le seul centre primaire de soins tertiaires de la province et le personnel y effectue actuellement environ 150 cas de TAVI par an. La plupart de ces cas sont réalisés sans avoir d'impact sur les cas réguliers du laboratoire de cathétérisme cardiaque. L’intervention minimalement invasive signifie également que les cas eux-mêmes peuvent être réalisés en moins de temps que le RVA, ce qui peut se traduire par une planification plus souple des ressources en personnel.
« Nous programmons les interventions TAVI en salle d'opération avant les autres interventions de la journée, car elles peuvent être réalisées en 1 heure. Nous pouvons poursuivre la série d'interventions chirurgicales habituelles dans cette salle sans en annuler ou en retarder, ce qui nous permet d'utiliser les mêmes ressources. »
Le processus TAVI du CCNB n'a pas eu d'incidence sur la capacité de son unité de soins intensifs. Les interventions minimalement invasives et autres solutions novatrices comme l’intervention TAVI peuvent en fait contribuer à réduire les listes d'attente du système de santé causées par la pandémie, comparativement aux approches conventionnelles.
« Nous avons un programme de collaboration très solide. Nous pouvons toujours nous mettre d'accord sur ce qui constitue la meilleure approche pour un patient, déclare le Dr Légaré. Il n'y a aucune raison pour ne pas s'adapter. »