9 avril 2021

Une nouvelle technologie permet à certains dispositifs médicaux implantables de communiquer avec les médecins par un système Bluetooth sécurisé et crypté

La gestion à distance de certains dispositifs implantés change la façon dont les médecins traitent des problèmes de santé comme les maladies cardiaques. De nouvelles applications...

Dr. Mondesert

La gestion à distance de certains dispositifs implantés change la façon dont les médecins traitent des problèmes de santé comme les maladies cardiaques.

 

De nouvelles applications intéressantes de gestion à distance dans le domaine de la cardiologie permettent aux médecins de repérer, de surveiller et parfois de traiter l’état des patients en temps réel sans que ces derniers aient à se rendre en personne dans une clinique. Un exploit qui n’était tout simplement pas possible il y a 20 ans à peine.

« Je recommande toujours les dispositifs de surveillance personnelle à mes patients », déclare la Dre Blandine Mondésert, médecin. Cardiologue à Montréal (Québec), la Dre Mondésert se spécialise en électrophysiologie cardiaque et dans le traitement des patients souffrant de cardiopathies congénitales.

Les dispositifs de télésurveillance sont des dispositifs médicaux portables ou implantables qui peuvent détecter et même gérer certains problèmes de santé. Les dispositifs se connectent à une application par Bluetooth, ce qui permet aux patients de surveiller leur propre santé sur un téléphone intelligent ou une tablette. Les dispositifs peuvent également envoyer des rapports sur les patients aux équipes médicales.

Lorsque les médecins sont informés à distance de l’évolution de l’état de leurs patients, ils peuvent modifier le traitement ou programmer des visites de suivi au besoin.

Certains dispositifs peuvent également être reprogrammés à distance, ce que les médecins et les patients ont particulièrement apprécié pendant la pandémie de COVID-19. Sur la base des rapports du dispositif, les médecins peuvent ajuster les paramètres du dispositif pour mieux surveiller ou gérer une maladie, sans que le patient se rende à la clinique.

La Dre Mondésert affirme que les dispositifs lui permettent d’obtenir une vision beaucoup plus claire de l’état d’un patient que celle qu’elle peut obtenir lors d’une courte visite.

Pendant les mois qui séparent les visites, la Dre Mondésert ne sait rien de ce qui se passe. Cependant, elle explique que « grâce aux dispositifs connectés par Bluetooth, nous sommes en mesure de suivre les patients de plus près. »

Selon la Dre Mondésert, ces dispositifs permettent à ses patients d’avoir l’esprit tranquille, car ils savent qu’ils sont suivis entre les visites, sans pour autant devoir se rendre à la clinique.

Réjean Duval, 55 ans, est l’un des patients de la Dre Mondésert à Montréal. M. Duval possède un dispositif LINQ II de Medtronic, un moniteur cardiaque insérable qui détecte les anomalies sporadiques de l’activité cardiaque. Il a été la première personne au Canada à recevoir ce dispositif de surveillance en janvier 2021, à l’Institut de cardiologie de Montréal.

« Je trouve rassurant d’avoir ce dispositif qui permet aux médecins de mieux suivre mon état pour mieux me diagnostiquer », dit-il.

M. Duval a souffert de trois accidents vasculaires cérébraux cryptogéniques : des accidents dont la cause n’est pas claire. Le premier a eu lieu alors qu’il n’avait que 26 ans et était totalement inattendu, compte tenu de son excellent état de santé.

Il est difficile de diagnostiquer son cas, car il peut se passer plusieurs années sans épisodes. Les moniteurs Holter – l’outil de suivi de diagnostic de choix – sont portés à l’extérieur et ne peuvent être tolérés pour une utilisation quotidienne à long terme.

Les médecins ont fini par déduire que ses AVC étaient dus à une vulnérabilité cardiaque héréditaire à l’origine de la fibrillation auriculaire. La fibrillation auriculaire est un rythme cardiaque dangereux qui peut provoquer une accumulation de sang dans le cœur. Le sang qui s’accumule peut coaguler, provoquant des caillots sanguins et, finalement, un accident vasculaire cérébral.  De plus, chez les patients ayant subi un AVC cryptogénique, la fibrillation auriculaire est généralement asymptomatique et donc difficile à diagnostiquer.

Les médecins ont proposé le moniteur cardiaque implantable LINQ II afin de pouvoir mieux suivre son état sur le long terme. Le dispositif de surveillance peut durer jusqu’à 4,5 ans après sa mise en place, ce qui le rend idéal pour diagnostiquer des maladies intermittentes comme celle de M. Duval.

Le LINQ II est une prouesse technologique moderne. Il est minuscule – de la taille d’une gomme à mâcher – et le processus d’insertion est peu invasif, ce qui signifie que le patient peut rentrer chez lui le jour même de l’intervention.

En outre, le clinicien de l’utilisateur peut programmer en toute sécurité les paramètres du dispositif après son insertion, en fonction de nouvelles informations. La reprogrammation à distance est utile pour les patients qui devraient autrement parcourir de longues distances pour consulter leur spécialiste. Elle est également utile pendant la pandémie de COVID-19, lorsque les visites en clinique sont potentiellement risquées.

M. Duval n’a pas encore programmé son appareil à distance, mais il suit ses symptômes à l’aide de l’application pour téléphone intelligent afin de s’assurer que ses médecins reçoivent des rapports sur son état.

« L’application conserve des relevés de l’état de mon cœur, et si je présente des symptômes, je peux les saisir avec une description [pour que les médecins sachent ce qui se passait au moment de l’événement] », explique-t-il.

Les médecins espèrent que les données fournies par le dispositif les aideront à diagnostiquer et à gérer avec plus de précision l’état de M. Duval.

La Dre Mondésert souligne que les dispositifs de télésurveillance peuvent sauver des vies.

Sans dispositif de surveillance personnel, les cardiologues doivent se contenter de visites en clinique, ce qui ne leur donne qu’un aperçu de l’état du patient.

« Si le patient n’a pas de système de surveillance personnel, je ne peux découvrir [des problèmes comme] la fibrillation auriculaire [que lors de sa visite à la clinique] », explique-t-elle.

Pour des patients comme M. Duval, le dispositif apporte une certaine tranquillité d’esprit sans affecter leur quotidien. Certains patients peuvent même oublier sa présence.

« Je n’ai aucun dispositif [ou fil], tout est sous la peau. Si vous vouliez le voir, il faudrait que vous touchiez ma peau pour savoir qu’il est là », explique-t-il.

Pour les cardiologues, cette nouvelle technologie leur permet d’accéder à des données en temps réel comme jamais auparavant.

Bien que le traitement des patients cardiaques soit toujours complexe, la puissance des dispositifs de télésurveillance peut fournir des informations diagnostiques inestimables pour la gestion continue de l’état des patients.