19 janvier 2023

Une recherche canadienne fournit un modèle d'accessibilité financière pertinent à l'échelle mondiale pour un traitement minimalement invasif

Comment un traitement plus coûteux permet-il d'aider à réduire les coûts de soins de santé? Dans un système de santé socialisé, la réponse à cette question doit être appuyée par des donné

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Comment un traitement plus coûteux permet-il d'aider à réduire les coûts de soins de santé? Dans un système de santé socialisé, la réponse à cette question doit être appuyée par des données solides. C'est ce qu'ont fait les chercheurs Derrick Y. Tam, MD, Ph. D., et Hamid Sadri, Pharm.D., M.Sc., M.Sc.S., dans le cadre de leur récente étude publiée dans le Canadian Journal of Cardiology : Annual Budget Impact Analysis Comparing Self-Expanding Transcatheter and Surgical Aortic Valve Replacement in Low-Risk Aortic Stenosis Patients.*  

Les auteurs ont voulu vérifier une hypothèse concernant l'accessibilité financière d'un traitement minimalement invasif dont le coût initial est plus élevé que celui du traitement chirurgical traditionnel nécessitant une convalescence plus longue à l'hôpital. Le remplacement de la valve aortique par cathéter (TAVR, également connu sous le nom de TAVI) est une intervention minimalement invasive qui remplace les valves cardiaques malades au moyen d’une incision de type « trou de serrure ». Elle s'oppose à l'option moins coûteuse, mais plus invasive, du remplacement chirurgical de la valve aortique (SAVR). Celle-ci nécessite un accès à cœur ouvert, ce qui requiert une période de rétablissement plus longue à l'hôpital et peut entraîner des taux de complications plus élevés.  

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Valve aortique TAVR Evolut de Medtronic

Depuis son lancement au Canada en 2012, les médecins attestent que le TAVR entraîne de meilleurs résultats pour les patients, tout en utilisant moins de ressources hospitalières. Pourtant, la différence de coût réelle en termes de l'ensemble des ressources était inconnue. Les auteurs Tam et Sadri ont mesuré les coûts associés un an après l'intervention chirurgicale pour les deux traitements et ont conclu à une différence de coût total d'environ 2,8 %, ce qui est assez faible pour justifier une modification de l'allocation budgétaire pour les soins cardiaques. Ils ont déterminé que la principale différence de coût résidait dans la réduction de la durée d'hospitalisation et du séjour aux soins intensifs pour le TAVR, ainsi que dans la réduction des événements indésirables par rapport au SAVR. 

« Plutôt que de se concentrer uniquement sur le coût des interventions, ce modèle démontre les avantages de regarder au-delà des silos budgétaires pour optimiser les ressources et les résultats pour les patients, explique le coauteur de l'étude, Hamid Sadri, directeur de la recherche sur les résultats en matière de santé chez Medtronic Canada. Cela est particulièrement important alors que notre système de santé fait face à des contraintes en matière de ressources humaines après les dernières années de mobilisation pandémique. »    

Des études antérieures ont démontré l'efficacité et la faisabilité du TAVR, mais cette étude est la première à fournir un modèle de calcul des coûts qui peut être utilisé pour démontrer l'accessibilité financière à l'échelle mondiale. « Ce modèle de coût aide à justifier les décisions fondées sur des données probantes prises au niveau de la gestion des soins de santé, que ce soit au Canada, au Brésil ou à Singapour, explique M. Sadri. L'innovation en matière de santé peut conduire à des décisions budgétaires de plus en plus complexes, mais nous disposons désormais d'un modèle qui aide les gestionnaires de soins de santé à suivre les données pertinentes. »

Le TAVR, initialement mis au point pour traiter les patients fragiles et à haut risque souffrant de sténose aortique, pour qui le caractère invasif du SAVR à cœur ouvert ne convenait pas, s'est imposé comme un traitement sûr et efficace pour tous les types de risques chez les patients souffrant de sténose aortique. Cependant, le coût plus élevé de l’intervention TAVR a donné l'impression d'être inabordable, ce qui a conduit les médecins à prioriser l’intervention minimalement invasive chez les patients à haut risque.  Nous espérons que cette étude contribuera à rendre le TAVR minimalement invasif plus accessible à un plus grand nombre de patients.

*https://doi.org/10.1016/j.cjca.2022.06.005